lire le livre REDUIRE LA VOILURE: Pour un Tantrisme shivaïte moderne

« Le shivaïsme se caractérise par la recherche d’une vérité individuelle sur notre fonctionnement mental permettant de prendre conscience que nous vivons dans un présent sans cesse renouvelé. Cette conscience de l’instant nous révèle l’inanité de la plupart de nos angoisses qui prennent leur source dans un passé révolu ou dans un futur inexistant. Ce recentrage sur notre potentiel actuel, débarrassé des angoisses qui n’ont plus leur place dans ce présent dévoilé, ouvre notre esprit et notre corps aux sollicitations du monde qui nous entoure, nous rend plus réceptif, à la fois plus alerte et plus calme.Pour l’homme occidental la vie ne se fonde que sur le clivage : Agir et dormir. Dormir pour se redonner les forces d’agir. Toute inaction qui n’aurait pas comme objectif la récupération nécessaire de forces doit être considérée comme honteuse. Notre civilisation industrielle a créé, depuis peu, un temps intermédiaire, celui du loisir. Mais il ne faut pas s’y tromper, ce temps d’oisiveté organisé est toujours fondé sur le clivage action-récupération dans lequel veut nous enfermer notre capitalisme triomphant. Un peu de repos ou de sport maintient l’animal productif. Entre l’abandon du sommeil et la maîtrise de l’action, l’homme oriental a créé un troisième espace-temps, incompréhensible pour nous, celui de la méditation. Prendre le temps de s’asseoir sans bouger, donner l’apparence d’une inaction qui ne serait pas un sommeil réparateur, donner à voir cette passivité : Voilà ce qui constitue le plus grand choc culturel entre l’Orient et l’Occident. La méditation n’est pas un repos récupérateur, elle ne produit rien, elle rend intelligent, elle redonne des forces mentales, elle ouvre la conscience, elle élève donc le niveau d’intolérance à toutes injustices et à toutes tentatives d’embrigadement ou de soumission. En permettant de trouver une vérité personnelle centrée sur une réassurance de ses capacités, la méditation donne le courage de prendre la parole en son nom, sans peur de l’opinion des autres, sans crainte des représailles. Une plus grande conscience de l’injustice et un plus grand courage pour la dénoncer : vous avez là le cocktail idéal pour fabriquer un homme difficilement corruptible et terriblement dérangeant pour tous les systèmes coercitifs. C’est en cela que la méditation est un acte subversif. »